The Suicide of the Youth

English and French versions

Le Suicidé, by Édouard Manet, completed between 1877 and 1881.

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French version

Dimanche 28 Novembre 2021

Partout où je me promène, je ne vois qu’une jeunesse sacrifiée, suspendue à l’infinie, ne connaissant ni son destin ni son histoire, comme une pendule elle attend son heure. Nous faisons une entrée fracassante dans l'histoire du progrès, de l’humanité, de la globalisation et autres, avec des âmes perdues et des corps tétanisés.

Que dire donc à cette jeunesse? À la mienne? À celle des autres? Comment expliquer qu’à un moment, avec une sorte de consentement planétaire nous avons renoncé à elle? Personne n’y pense, et j’essaye de ne pas y penser.

L’âge de la rébellion, de la sottise, de la stupidité, de la cupidité, parfois du courage, s’est retrouvé cloitré et enfermé dans sa chambre et c’est avec internet qu’il faisait du boucan. Une manière de montrer qu’il est toujours là. Comme un coq abattu, il ne faisait que s’agiter.

La jeunesse se sent aujourd’hui impuissante, incapable, et surtout fatiguée. En cherchant à protéger son corps, la jeunesse a aussi perdu son immunité psychique et métaphysique. Comment y remédier? Je n’en sais rien, j’observe.

En 2021, la jeunesse est silencieuse mais demande beaucoup sans savoir quoi demander, par quoi commencer? Elle cherche dans son schmilblick des causes et une certaine identité.

Elle est aussi méconnaissable car elle est anémique, la vitalité lui manque.

La jeunesse n’est plus heureuse, elle est euphorique, car superficiellement maintenue en vie avec des pillules et quelques vitamines, et ce n’est qu’avec quelques chatouilles qu’elle sourit. D’ailleurs, partout où je me promène, ce sont les faux sourires que je vois, car on sourit d’abord avec le coeur. La jeunesse sait qu’elle a été détruite de fond en comble, même les larmes manquent.

La jeunesse va se suicider, je le sens, je le sais, et ce n’est pas comme si elle était en parfait état avant la pandémie. La connaissant fort bien, la jeunesse va peut-être se jeter d’un pont pour un dernier spectacle mélodramatique, de toute façon plus rien ne l’appaise, une dernière tentative, un dernier cri.

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English version :

Sunday November 28, 2021

Anywhere I go, I see only a sacrificed youth, suspended ad infinitum, knowing neither its fate nor its history, like a clock biding its time. We are making a sensational entry into the history of progress, humanity, and globalization with lost souls and paralyzed bodies.

What to say to this youth? To mine? Of others? How do we explain that at one point, with a kind of planetary consent, we gave up on it? Nobody thinks about it, and I try not to think about it.

The age of rebellion, of foolishness, of stupidity, of greed, sometimes of courage, was locked in his room, and it was only through the internet that it was making some noise. An attempt to feel alive. Like a slaughtered rooster, the head was cut off, it is only shaking and screaming because it is bleeding.

Youth today feels helpless, incapable, and above all tired. In seeking to protect its body, the youth also lost its psychic and metaphysical immunity. How to cure this? I don't know, I am only observing.

In 2021, the youth is silent but has multiple demands without knowing what to demand, where to start? It is looking everywhere for causes and a certain identity.

Youth is also unrecognizable as it is anemic, lacking in vitality.

Youth is no longer happy, it is euphoric. It is kept superficially alive with pills and vitamins, and it is only with a few tickles that it smiles. Anywhere I go, I see the fake smiles since we first smile with the heart.

Though the youth knows that it has been destroyed, even the tears are missing.

The youth is going to kill itself; I feel it, I know it, and it's not like it was in perfect shape before the pandemic. Indeed, knowing it very well, the youth will perhaps throw itself off a bridge for a last melodramatic spectacle, in any case, nothing appeases it, it will be the last attempt, the last cry.